Carretera austral 24 - Rosa Vargas

Chronique de gens (extra)-ordinaires

 "L'extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires."  Paulo Coelho

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La région d'Aysen, isolée est l'une des plus belles du Chili. C'est aussi l'une des moins peuplée, avec seulement 81 000 habitants soit une densité de 0,8 habitants au km2. La population urbaine représente 78 % de la population dont la moitié vivent à Coihaïque et Cochrane. Le secteur que nous traversons compte ainsi moins de 0,2 habitants au km2 !

C'est Rosa Vargas qui nous accueille très gentiment avec sa petite fille. Elle habite dans cette ferme du bout du monde. Ici, aucune infrastructure : ni eau courante (mais en Patagonie, elle tombe du ciel si souvent que ce n'est pas un problème!), ni réseau électrique, ni téléphone, pas d'internet bien sûr.

Alors on se débrouille. Les capteurs photo-voltaïques fournissent le courant nécessaire, l'antenne géante qui court à travers le jardin permet une liaison par radio-téléphone, et luxe suprême pour tromper l'isolement et la solitude une télévision branchée sur la parabole.

Rosa élève des brebis, des poules et des lapins pour l'auto-suffisance alimentaire. Elle cultive un grand jardin pour les légumes et n'oublie pas de fleurir le devant de sa modeste maison.

Valentine, sa petite fille a l'air très heureuse du haut de ses cinq ans et a même joué au football avec moi. L'année prochaine, elle ira à l'école à Cochrane distant de 50 kilomètres.

Pour l'heure elle vit dans la quiétude de cette « petite maison dans la prairie » face à un glacier étincelant dans le soleil couchant.

Le mari de Rosa a son atelier au fond du jardin, il y fabrique des barques en bois de cyprès et les vend aux pêcheurs du lac Carrera. Il est absent actuellement.

Son fils travaille à Cochrane et l'appelle trois fois par jour au radio-téléphone, à 7 heures du matin, 1 heure de l'après-midi et 8 heures du soir. Fil ténu qui relie Rosa avec la « civilisation ».

Dans la douce chaleur de la cuisine, Rosa nous offre café et thé, pain qu'elle cuit elle-même accompagné de confiture de framboises maison ! Qui a le moins donne le plus !

La vie s'écoule ici, paisible. Le petit chiot qui vient de naître nous mordille les chevilles. Valentine joue dans le jardin pendant que Rosa nous montre les couvertures qu'elle réalise sur son métier à tisser et les broderies qu'elles adorent coudre représentant des « hemueles » petits cervidés patagons qui peuplent les forêts.

Rosa a un sourire timide mais déborde d'humanité.

Ici, le temps s'est arrêté.

Je t'enverrai les photos Rosa, promis !

Jacques